mardi 4 janvier 2011

Claude Monet au Grand Palais, le crépuscule de la culture

Et oui, moi aussi je suis allé voir l’exposition Claude Monet au Grand Palais à Paris. Profitant de l’endormissement de la capitale en ce premier jour de l’année, je me suis rendu à « the place to be ». Bien m’en a pris d’attendre ce jour : un gros quart d’heure de queue et déjà les impressionnantes merveilles impressionnistes. Le seul petit problème est que pour les admirer, il valait mieux savoir jouer des coudes tant la foule était dense. Je n’ose même pas imaginer ce que c’est en temps « normal ».
Le Parlement de Londres
Alors évidemment j’ai vu de très belles œuvres (la jolie Normandie bien sûr mais aussi des vues magnifiques de la Gare Saint-Lazare, de Londres, des natures  mortes somptueuses et bien d’autres). Mais quand même, certaines peintures majeures n’y sont pas. J’ai été notamment très déçu par la dernière salle, censée être l’apothéose du spectacle, celle des célèbres Nymphéas. Monnet en a réussies de bien plus abouties lors de sa retraite giverniènne. D’où ma question, pourquoi tant de succès malgré ces absences incompréhensibles ?
Franchement j’ai déjà vu de plus belles expositions qui n’ont pas connu un tel triomphe. Alors j’imagine bien que le dossier de presse est béton et tout ce qui va avec à la vue du nombre d’articles dans les journaux, de reportages TV et radio. Cela suffirait donc encore à construire aussi promptement une si admirable réputation ? Si le Web a pris sa (petite) part à l’emballement collectif, c’est quand même bien la preuve que les médias traditionnels, ou issus de tels, ont encore du poids dans l’inconscient collectif.
Comme ça il faudrait absolument faciliter l’accès à la culture pour le bien des peuples et le salut du monde. Au passage cela m’a coûté douze euros. Ah très chère paix ! Cela doit-t-il passer par tant de bousculades et d’agacements quand nous avons besoin de contemplation et de réflexion? Certainement pas. Mais que serai-je devenu socialement si je n’étais pas allé voir cette expo ?
En cette époque de vœux, je fais celui que nous reviendrons prochainement sur cette notion de culture de masse comme nous revenons aujourd’hui sur celle de consommation.
Promenade sur la falaise
Si la culture doit être accessible à tous, elle ne l’est pas pour tous, et sûrement pas en même temps. C’est ce qui en fait sa grandeur. L’apprentissage est un long et difficile cheminement intérieur qui nous plonge au plus profond de notre être. Les voies sont multiples, le but est unique. La connaissance de soi à travers celle du monde qui nous entoure n’est pas chose aisée. Seuls celles et ceux qui en font la démarche peuvent en tirer la quintessence. Alors bien sûr la culture est ouverte à chacun, mais ce n’est pas dans une telle confusion que la merveilleuse alchimie pourra se réaliser. Et que dire du risque lié à la pensée unique qui atteint aujourd’hui la culture, et demain la créativité ?

Tout juste le temps de vous souhaiter une très bonne année 2011, pleine de bonheur, de santé et de succès. Je file à l’expo Basquiat, il paraît que c’est top, dixit le dossier de presse…