jeudi 11 novembre 2010

Un Castor Unstoppable !

Il y a des coïncidences comme ça. Cette semaine est sorti dans les salles obscures Unstoppable, film américain au sujet simple mais pas simpliste : deux cheminots vont tenter d’arrêter un train fou rempli de produits dangereux et fonçant tout droit sur une zone fortement peuplée.

Ces jours-ci l’actualité a rattrapé la fiction. Mais cette fois une armée de militants écologistes n’a pas pu arrêter le train dément Castor venu du centre de retraitement nucléaire de La Hague, au nord du Cotentin, à destination de Dannenberg en Basse-Saxe (je n'ai pas encore vu le film mais j'imagine déjà un dénouement heureux...). Il faut dire que des milliers de policiers ont été mobilisés le long de son périple franco-allemand dont près de 16000 rien que de l’autre côté du Rhin. Cet épisode est révélateur d’un grand malaise en Allemagne, pays à forte tradition écologique et affecté depuis la décision récente d’Angela Merkel de prolonger le fonctionnement des dix-sept centrales allemandes.

C’est donc avec près d'une journée de retard que le train rempli de déchets radioactifs est arrivée à destination finale. Rien de bien grave, me direz-vous, en comparaison avec la moyenne affichée par la SNCF ces derniers temps. Cette aventure épique avec un soulèvement populaire inattendu et une réponse étatique impressionnante, pose la question cruciale du retraitement des déchets nucléaires. Epineux problème qui n’a pas encore trouvé de réponse satisfaisante. En gros, on enfouit et on oublie. Seulement la nature, elle, n’a pas la mémoire courte. Depuis 2004 la France ne stocke d’ailleurs plus les déchets issues des centrales nucléaires de nos chers voisins. Sage décision qui était la preuve d’un début de prise de conscience, dix-huit ans après un certain Tchernobyl…. Le train à haut risque a donc rapporté à son propriétaire allemand ces résidus toxiques. Comme le dit Yannick Rousselet , chargé de questions nucléaires chez Greenpeace France, il s’agit d’une « patate chaude dont personne ne veut ». On comprend pourquoi ! Personne ne sait aujourd’hui comment gérer ces poubelles de la mort.

Alors quand nos gouvernants nous parlent du tout nucléaire comme réponse à notre dépendance énergétique, ils occultent trop souvent les dommages collatéraux désastreux que cela engendre et révélés par les nombreux incidents plus ou moins graves et trop souvent occultés. Ça m’énerve vraiment quand je vois par exemple le tapage médiatique fait autour de la voiture électrique car cela ne va pas dans le bon sens. Oui à la réduction des émissions de CO2 mais pas n’importe comment et à n’importe quel prix. C’est là toute la problématique de l’écologie politique quand elle fait face à la réalité économique.

Et quand nous regardons de près la cartographie de l’énergie nucléaire en France (un parc veillissant de cinquante-huit centrales quand même), c’est vrai, il y a de quoi s’inquiéter pour notre terre.