vendredi 19 novembre 2010

Le (mauvais) Professeur Thuram

Lundi dernier Lilian Thuram était présent aux entretiens du Parc organisés par le PSG. Le Parisien nous apprend qu'il est intervenu lors de la table ronde consacrée au public dans les stades de football avec pour toile de fond le plan de sécurité mis en place par Robin Leproux, président du club.

Pour les non initiés, ce plan consiste à éliminer les abonnements dans les deux tribunes (Auteuil et Boulogne) situées derrière les buts où jadis les plus ardents suppporters prenaient place. Malheureusement la rivalité exacerbée entre les deux tribunes avait débouché sur la mort de Yann Lorence, un supporter du Kop de Boulogne, un soir de février 2010.

Dans cet entretien très professoral, l'ancien défenseur de l'équipe de France fustige les supporters en général à travers ses diverses expériences françaises, italiennes et espagnoles: "plus les liens sont étroits entre les clubs et supporters, plus il y a de dérives" dit-il. Il conclut l'interview par un implacable "que les supporters restent à leur place". La sentence est tombée.

M. Thuram, votre statut de champion du monde ne vous donne pas tous les droits, en particulier celui de donner des leçons aux supporters.

le 12ème homme
Sans eux, le football n'est rien.  Il suffit de constater les affluences ridicules depuis le début de la saison au Parc des Princes pour s'en rendre compte (moins de 10 000 pour certaines rencontres !). Et c'est bien la première fois de puis vingt ans que le calsico PSG-OM ne fait pas le plein (sans même parler de l'interdiction ridicule des supporters marseillais). Au-delà de nos frontières la situation n'est guère plus réjouissante. Ainsi hier soir je me demandais où étaient passées les folles ambiances britanniques que nous avions connues par le passé lors des France-Angleterre. Le stade de Wembley presque plein mais étteint comme jamais à l'entrée des équipes. La suite ne fut pas meilleure.Triste. Il y en avait au moins un qui devait être satisfait, n'est-ce pas M. Thuram ? Il faut dire que la prestation de l'équipe anglaise n'avait rien d'enthousiasmant comme le dit justement Daniel Riolo. Tout fout le camp !

Alors c'est sûr me direz-vous, il y a moins de dérives. L'argent a pris la place de la ferveur et le sport roi meurt à petit feu. A qui la faute ?

Dans un monde où les joueurs et les dirigeants changent à la moindre opportunité (financière le plus souvent), l'identitié des clubs est portée par les seuls supporters, que vous le vouliez ou non. Seuls capables de perpétuer ses valeurs, l'avenir d'un club est intimement lié à celui de ses supporters. Les blâmer ne sert à rien. L'environnement du football reflète notre société avec ses nombreux problèmes. Si le football n'existait pas, nous retrouverions ces débordements au rugby ou au basket. Le football canalise l'attention et les dérives dont vous parlez car c'est le sport le plus populaire tout simplement.

Alors, d'accord pour trouver des solutions et faire évoluer notre sport dans le bon sens afin de retrouver les ambiances chaleureuses qui nous manquent tant à nous, amoureux du foot. Mais pas avec vous M. Thuram. Restez à votre place, celle d'un footballer mercenaire à la retraite qui profite de ses millions si durement gagnés. Dans ce domaine il y a des dérives malsaines qui ne vous autorisent pas à donner des leçons.