dimanche 14 novembre 2010

Le refus de la bananisation

Début novembre, le FMI a estimé que la croissance mondiale atteindrait 3 à 4% en 2010 comme en 2011. Bonne nouvelle me direz-vous ? Pas si sûr.  En effet l’augmentation de la richesse planétaire va profiter à une minorité de plus en plus riche.

Aux Etats-Unis, 1% des américains les plus fortunés gagnent 24% des revenus contre 9% au milieu des années soixante-dix. Autre statistique édifiante selon le New York Times, en 1980 les dirigeants des grandes entreprises américaines gagnaient 42 fois le salaire d’un travailleur moyen, en 2001 c’était 531 fois plus ! Pour enfoncer le clou, le journal nous apprend qu’entre 1980 et 2005, les quatre cinquièmes de la croissance américaine ont profité aux 1% les plus fortunés.

Ce constat est généralisé en Occident. Ainsi selon l’Observatoire des Inégalités, entre 1996 et 2005, le revenu des 5% des français qui gagnent le plus a augmenté de 6108 € quand celui des 10% des français qui perçoivent le moins de revenus a augmenté de 1137 €.

Ainsi d’un point de vue global la richesse des français et des occidentaux augmente, c’est incontestable. Malheureusement cette manne profite essentiellement à une toute petite minorité et les écarts se creusent avec le reste de la population. Le système social occidental est à la dérive et sa structure approche de jour en jour des inégalités existant dans les républiques dites bananières. Pas bon signe, d’autant que la hausse artificielle du marché de l’immobilier laisse croire aux candides le contraire. La crise immobilière qui a touché les USA en 2008 pourrait atteindre avec retardement l’Europe et la France. Et le jour où la bulle spéculative éclatera comme aux débuts des années 90, la glissade pourrait être douloureuse.

Cette évolution est inquiétante pour l’ensemble du monde occidental car nous sommes face à un dilemme.
5% des américains les plus riches représentent 1/3 de la consommation du pays. C’est énorme. Alors quand les plus aisés s’enrhument c’est toute l’économie qui tousse.
C’est pourquoi le débat sur la réduction d’impôts accordés aux plus aisés votées sous l’ère Bush fait rage au sein même du Parti Démocrate. Quand l’idéologie est confronté à la réalité économique. Le choix est cornélien : soit on épargne les riches pour favoriser la croissance et les inégalités continuent d’augmenter, soit on les freine et la consommation avec. Crise économique ou crise sociale ? tel est le choix auquel les pays occidentaux sont aujourd’hui confrontés.

Il est temps de mettre fin à ce système infernal en réinventant le partage des richesses. Ce n’est pas être communiste de le dire (loin de moi cette idée), c’est juste une question de bon sens. Un minimum d’équité est nécessaire pour qu’une économie fonctionne correctement. Car le jour où les masses paupérisées de plus en plus nombreuses se révolteront, le réveil sera brutal, même dans un lit bien douillet.

Il est temps d’inventer un nouveau modèle économique et social. Dans un monde où les grandes structures n’assument plus leur rôle social pourtant fondamental (d’un côté les grandes entreprises ne pensent qu’à satisfaire leurs actionnaires et méprisent leur plus précieuse ressource, les salariés, et de l’autre un état providence impuissant dans un modèle mondialisé), la voie de la rédemption passe plus que jamais par l’entreprenariat sous toutes ses formes, autrement dit la « débrouillardise » : monter une guitoune ou cultiver son potager c’est le début de l’entreprise. Aide-toi, le ciel t’aidera !
C'est donc du plus profond de chacun de nous que naîtra la solution. Alors osons le courage et laissons libre cours à notre créativité.
Pour être efficace, cette action individuelle créatrice doit s’appuyer sur le resserrement des liens familiaux et amicaux, mis à mal depuis trente ans. De solides racines permettent à un arbre de tenir bon dans la tempête et d’envisager l’avenir avec sérénité.

Il est temps de nous éloigner du modèle déshumanisé imposé par l’entreprise « CAC 40 », pour nous recentrer sur les vrais valeurs, les nôtres. Refusons la bananisation de notre société.

Et si l’avenir c’était le retour de l’humain ?


 
Pour votre complément d'informations je vous invite à consulter le blog de Michel Gabrysiak.