samedi 27 novembre 2010

Les agences de notation à l’origine du nouveau monde

Trois grandes agences de notation régissent le système financier international : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings.
Nous nous souvenons des conséquences désastreuses de leur irresponsabilité dans la crise financière de 2008 plaidant « it’s only our opinion » pour se protéger d’éventuelles poursuites liées à leur absence totale d’objectivité dans la mesure des risques pris par les établissements financiers qui ont conduit aux désastres que nous connaissons.

Pour mieux comprendre le rôle central des agences de notation dans la crise, revenons quelques instants sur son processus qui a débuté aux Etats-Unis :
1)     Chaque américain peut devenir propriétaire de sa maison (autrement dit chacun a droit à sa part d’American Dream).
2)     Les banques proposent à tour de bras des crédits immobiliers hypothécaires de plus en plus risqués car de moins en moins solvables (les fameux subprimes).
3)     Pour faire face à cette menace grandissante, les banques vendent ces crédits à des établissements financiers qui les mutualisent pour éliminer les risques: c’est la titrisation.
4)     Les établissements financiers mettent ces titres sur le marché qui sont achetés par des investisseurs en recherche de spéculation.
5)     Pour se couvrir du risque, les pertes éventuelles liées à ces titres sont prises à en charge par les assureurs, comme le premier d’entre eux AIG.
6)     Les assureurs s’assurent à leur tour.
7)     Le système devient incontrôlable car la chaîne est devenue immense entre l’emprunteur et le prêteur. Les produits financiers issues de la mutualisation des crédits sont devenus si complexes que plus personne ne les maîtrise.
8)     Quand le marché se retourne, la chaîne éclate, c’est la crise.
9)     La mondialisation fait le reste.
Le rôle des agences de notation dans cet engrenage infernal est essentiel. En effet ce sont elles qui notent la qualité des établissements financiers émetteurs de titres. En donnant la meilleure note possible (AAA) à des produits financiers douteux encore quelques jours à peine avant l’éclatement de la bulle immobilière, elles ont amplifié le terrible phénomène des subprimes.
Les agences de notation ont donc fait preuve d’une totale irresponsabilité dans cette histoire. Leur manque d’objectivité met en lumière leur absence d’indépendance vis-à-vis des établissements financiers. Pourquoi en serait-il autrement d’ailleurs puisque que ce sont ces dernières qui les font vivre ? Pourquoi s’en seraient-elles privées puisqu’elles peuvent se cacher derrière le 1er amendement de la constitution américaine sur la liberté d’expression et d’opinion ?
Aujourd’hui nous apprenons que la note de l’Irlande va être dégradée par ces mêmes agences en AA et peut-être même en AA-. Sûr que cette fois-ci elles auront pris la mesure du risque. Le plus amusant, si l’on peut dire, est que cette détérioration est directement liée au plan de sauvetage du système bancaire du pays par l’Etat. Le schéma est toujours le même : l’Etat s’endette pour sauver les banques secouées par la crise immobilière et paye la lourde facture ; Son déficit augmente, sa note se dégrade, les taux d’intérêt avec ;  La machine s’emballe. Au final c’est le citoyen lambda qui règle la note. Et pendant ce temps, les bonus alloués aux traders atteignent un niveau record cette année (144 Milliards de dollars du côté de Wall Street). Scandale ! Le système capitaliste est vérolé.
Après la chute du mur de Berlin et du communisme, la fin du système capitaliste approche à son tour car, sous la pression populaire, les gouvernants ne pourront plus tolérer encore longtemps de telles dérives. Par quoi sera-t-il remplacé alors ? La réponse se trouve probablement du côté de la Chine avec une économie de marché contrôlée par un état fort, pour ne pas dire autoritaire. Nous sommes loin des préceptes d’Adam Smith, car cette main là, sera bien visible.