mercredi 1 décembre 2010

Cantona et Assange: la révolution sera mondiale ou ne sera pas

En appelant les citoyens à se mobiliser en retirant leur argent des banques, Eric Cantona provoque. Il n’en est pas à son premier coup de gueule mais celui-là mérite notre attention.

Christine Lagarde, qui n’est pas la première venue, a d’ailleurs vivement réagi. Preuve que l’appel de Canto ne peut laisser indifférent. Car si notre Ministre des Finances en personne l'a critiqué si promptement, c’est que le « King » de Manchester touche un point sensible de l’économie : le rôle des banques.

J’ai déjà abordé ce sujet dans le précédent billet. Après la chute du mur de Berlin et avec le mélange des genres (affaires et dépôts) dû à la déréglementation, les banquiers ont définitivement pris le pouvoir sur les politiques. Les états autrefois souverains sont désormais à la merci du système financier international : une banque est en difficulté et les états se mobilisent pour éponger les pertes afin de ne pas déstabiliser un système tout entier. Au lieu de laisser le marché se purger de lui-même comme le suggèrent les lois de l’économie du libre échange, les états entretiennent la gangrène qui gagne du terrain. Il faut dire que derrière ces multinationales sans scrupules se trouvent les citoyens et leurs dépôts. Pas évident de fermer une banque sans créer une panique généralisée.

Alors comment s’en sortir ? Evidemment l’idée de Cantona ne sera pas suivie des faits mais elle participe à une prise de conscience des dérives totalitaires des marchés financiers (c’est un comble) qui agissent hors de tout contrôle (à commencer par les banquiers eux-mêmes !).

La seule solution réellement efficace aurait été de réintroduire un cloisonnement entre les banques de dépôts et les banques d’affaires. Mais les politiques n’ont plus le pouvoir de décision malgré les gesticulations outrancières de certains (suivez mon regard…). Le plus beau témoignage de cette réalité est le maintien, avec l'arrivée d'Obama, des principaux décideurs financiers dans le micro-establishment qui gravite autour de la Maison Blanche: les exemples les plus célèbres sont ceux de Ben Bernanke déjà à la présidence de la Fed sous Bush, et de Henry Paulson, ex PDG de Goldman Sachs devenu secrétaire au Trésor des Etats-Unis en 2006, remplacé par son acolyte Tim Geithner en 2009. Les signes sont là.

Finalement Julian Assange a peut-être une partie de la solution. Les révélations de son site Wikileaks ébranlent la communauté internationale. Ce n’est qu’une première étape. En prenant prochainement pour cible une grande banque américaine (Bank of America pour ne pas la nommer), il joue gros. Alors difficile d’évaluer les intentions profondes du personnage à l’origine des plus grandes fuites de documents officiels, mais une chose est sûre, l’homme a des cartes en main qui peuvent changer la donne. S’il arrive à résister aux assauts de l’establishment, il rejoindra alors un nouveau cercle très fermé : celui des décideurs de la toile. Eric Cantona a trouvé là un allié de classe…mondiale. La révolution sera planétaire ou ne sera pas.